http://fr.wikipedia.org/wiki/Myst%C3%A8re_eucharistique
Controverses
Au Moyen Âge
La question de la réalité de l’eucharistie, c’est-à-dire de la présence physique du corps et du sang du Christ, est soulevée dès le Moyen Âge. Les réalistes, qui défendent cette idée (comme Paschase Radbert dans son De partu Virginis) se voient opposer les résistances des symbolistes (comme Ratramne de Corbie).
Le débat se durcit au XIe siècle. Bérenger de Tours affirme, en se référant à saint Augustin, qu’une présence « intellectuelle » s’ajoute au pain et au vin sans se substituer à eux[2]. Il trouve l’opposition de théologiens comme Lanfranc de Pavie, qui défendent l’idée d’un changement de substance : la « transsubstantiation » telle qu’on l’appelle à partir du XIIe siècle, puis au IVe concile de Latran (1215).
Au XIIIe siècle naît la fête du "Corps du Christ" ou "Saint-Sacrement", l’office en est composé par Thomas d'Aquin, et alors seulement est généralisée la pratique d’élever l’hostie et le calice pour les montrer aux fidèles. Cette place croissante se traduit aussi dans les hérésies, par l’excès (hosties magiques) comme par la contestation (pétrobusiens, cathares, lollards, hussites).
Au moment de la Réforme
C’est le concile de Trente qui a explicité et officialisé pour l’Église catholique romaine le dogme de la transsubstantiation, en réaction contre les thèses protestantes qui étaient discutées à cette époque.
Au moment de la Réforme protestante, l’aspect sacrificiel de la messe a été rejeté par certains réformateurs. Le dogme a été contesté et la célébration dominicale a pris un sens plus ou moins différent dans les diverses confessions protestantes. D’autres, comme Laurentius Petri (Suède) et Thomas Cranmer (Angleterre) l’ont bien conservé et enseigné.
Les luthériens ont gardé l’essentiel de la liturgie catholique mais ont redéfini le dogme, parlant de consubstantiation (sous l’apparence du pain et du vin, il y a simultanément la réalité du corps du Christ et du pain, respectivement du sang du Christ et du vin).
À la suite de Zwingli notamment, les premiers réformés ont contesté plus radicalement la messe, l’eucharistie, n’y voyant qu’un geste symbolique ; dès lors, la lecture et l’explication de la Parole de Dieu (la Bible) prit une place beaucoup plus centrale dans la célébration dominicale. La « Sainte Cène » (du grec κοινός / koinos, « commun », d’où : repas pris en commun ou du latin cena, repas du soir ) n’est pas célébrée tous les jours, ni même tous les dimanches.
Jean Calvin, pour sa part, et les Églises réformées et évangéliques qui le suivent, confessent dans le sacrement la présence réelle du Christ qui le préside, mais sur un monde spirituel (par l’action du Saint-Esprit) et non pas matériel. Les Églises réformées, de nos jours, tendent vers une célébration hebdomadaire de la Cène.
[modifier] Eucharistie et œcuménisme aujourd’hui
Dans toutes les confessions chrétiennes, on perçoit mieux aujourd’hui le lien avec les traditions juives de reconnaissance envers les œuvres de Dieu, et particulièrement dans les bénédictions pendant le repas, notamment celle du shabbat (pain et vin). Cette origine commune permet de remettre en perspective les pratiques de chacun, et est un facteur d’union.
Catholicisme et orthodoxie
Catholiques et orthodoxes partagent la même doctrine au sujet de l’Eucharistie et reconnaissent mutuellement la validité de sa célébration dans l’une et l’autre Église. Il y a des différences dans la liturgie (communion sous une ou sous deux espèces, etc.) et dans les formes de dévotion (processions du Saint-Sacrement : pratique courante dans le catholicisme, non dans l’orthodoxie), ainsi que dans le vocabulaire (les catholiques parlent plutôt de « sacrement », les orthodoxes de « mystère »). L’intercommunion est possible dans les cas de nécessité exprimés dans le canon 844 du Droit Canon de l’Église romaine.
Réforme
De même, et malgré des divergences secondaires, les réformés et les luthériens sont, en Europe du moins, en pleine communion, et partagent sans problème l’Eucharistie et leurs pasteurs.
Le désaccord est profond entre eux et les protestants, et les termes utilisés n’ont pas toujours la même signification.
Les points de désaccord
La question de la Présence réelle (au sens de matérielle) demeure un point d’achoppement majeur, avec des conséquences multiples qui rendent inenvisageable pour l’Église catholique romaine l’intercommunion entre protestants d’une part et catholiques et orthodoxes de l’autre. Il est impossible de trouver un compromis entre ceux qui adorent littéralement l’Eucharistie comme présence de Dieu et ceux qui n’y voient qu’un simple symbole.
De plus, des divergences au sujet du sacerdoce (sacerdoce ministériel réservé aux hommes ou non, qui doivent être prêtres ordonnés ou non) et de l'organisation ecclésiastique (succession apostolique) élargissent le fossé sur la question de la présidence du sacrement.